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Politik und Gesellschaft Online
International Politics and Society 2/1998
Claus Köhler
Spéculation contre politique du développement. Une analyse de la crise monétaire en Extrême-Orient.

La crise monétaire qui se produisit au milieu de 1997 en Extrême-Orient et qui atteignit l'un après l'autre la plupart des pays de la région, fut le résultat d'une puissante spéculation internationale contre les monnaies concernées, une spéculation à laquelle les États ne furent en mesure d'opposer aucun équivalent et qui s'avéra pour cette raison un succès. L'idée de la perte de confiance en revanche, qui serait la conséquence d'une politique économique peu sérieuse de la part des pays de l'Extrême-Orient, n'est pas pertinente. Ces pays avaient certes lié leur monnaie au dollar, ce qui, en raison de l'inflation plus rapide en Extrême-Orient par rapport aux États-Unis, entraînait de continuelles réévaluations en termes réels. Cette démarche est toutefois en principe correcte pour les pays en voie de développement, car il est utile de pouvoir contrôler l'inflation. Des déficits de la balance des opérations courantes sont également justifiés pour les pays en voie de développement, car ils sont le revers nécessaire à la poursuite des importations de capital, elles-mêmes importantes pour le financement de l'investissement dont dépend la croissance. La spéculation n'a certainement pas vu dans cette constellation les conditions d'une croissance durablement soutenue, mais l'a utilisée pour ses attaques spéculatives. Les données macro-économiques en Extrême-Orient (croissance économique longtemps soutenue, taux de renchérissement modérés, excédents budgétaires, réserves de devises relativement importantes) s'inscrivaient dans l'ensemble dans un tableau très positif. D'autres points faibles propulsés au premier plan par les déclarations de crise et les programmes de réforme apparurent uniquement comme conséquence de la forte et soudaine dévaluation rendue inévitable par la spéculation, à savoir la grande fragilité des institutions financières en matière d'insolvabilité des débiteurs. Une grande partie du dommage fut la conséquence de la perte de confiance déclenchée par une spéculation réussie: fuite des capitaux, qui entraîna une autre dévaluation, elle-même cause de la difficulté croissante à servir les dettes en dollars. Les remèdes (forte hausse des taux d'intérêts) freinèrent quant à eux la croissance économique, ce qui mit en outre les entreprises en difficulté. La perte de confiance de la part des investisseurs internationaux touche des pays initialement non concernés et y déclenche des réactions de défense hostiles à la croissance. De grands sacrifices doivent être faits pour la confiance des investisseurs. Il est nécessaire d'éviter à l'avenir que les spéculations monétaires puissent sans cesse provoquer des perturbations aussi graves. Il faut renforcer la capacité du système international à pratiquer des interventions en devises pour faire barrage à la spéculation. Un système monétaire asiatique serait notamment souhaitable. De même, la possibilité d'identifier de façon précoce les points faibles et l'amorce d'attaques spéculatives doit être améliorée.


© Friedrich Ebert Stiftung | technical support | net edition bb&ola | April 1998