L'exemple de l'Afghanistan montre comment des tensions internes ethniques, culturelles et sociales peuvent s'aggraver sous des influences externes jusqu'à déboucher sur une guerre civile durable. La situation de départ a été déterminée par le contraste social et culturel entre la capitale "progressiste" et les régions rurales emprisonnées dans la stagnation de la tradition. L'intervention de l'Union soviétique au profit du "camp progressiste" déclencha une guerre civile dont l'intensité fut accrue par la contre-intervention des États-Unis, du Pakistan et d'autres pays. Après le retrait de l'Union soviétique et vu l'intérêt faiblissant des États-Unis, la ligne de conflit ethnique et régionale prit de l'importance. Au jour d´hui les quatre partis rivaux dans la guerre civile recouvrent largement les quatre principaux groupes ethniques (les Pachtounes, peuple majoritaire, les Ouzbeks, les Tadjiks et les Hazaras). Le parti des Talibans créé en 1994 à l'instigation du Pakistan est le premier parti clairement pachtoune, bien que son ethnocentrisme pachtoune soit masqué par une orientation islamique radicale. Alors que les Talibans gagnèrent rapidement du terrain dans les régions traditionnellement pachtounes, ils rencontrèrent une forte résistance dans le reste du pays. Leur défaite en 1997 au nord de l'Afghanistan montre qu'ils ne sont pas en mesure de pacifier l'ensemble du pays. La plupart des partenaires étrangers des acteurs de la guerre civile sont désormais partisan de la paix, étant donné que l'Afghanistan est de plus en plus considéré comme un obstacle au boom économique prévu en Asie centrale. Mais le potentiel de conflit au niveau interne fait barrière à la paix. La fragmentation du pays est très avancée, les partis de la guerre civile sont toujours davantage capables de s'autofinancer avec l'argent tiré de la culture et du commerce des stupéfiants.