Pire que le nouveau coronavirus lui-même, les fausses informations font des ravages, dit le journaliste Ivorien Israël Guébo.
Image: of Israël Guébo Les fausses nouvelles sont multiformes. Des jeunes Ivoiriens échangent les dernières nouvelles.
Dans une population de plus en plus connectée, l’urgence de la vérification des faits avant diffusion s’impose. Que faire ? Comment ? Avec quel outil ? Sur quel canal ?
Tout le monde s’accorde sur cette définition : « informations fallacieuses, infox, informations mensongères délivrées dans le but de manipuler ou tromper ». Pourtant, les fausses nouvelles sont multiformes. Nous en retiendrons deux qui sont d’ailleurs les plus répandues.
Commençons par les imprécisions, l’inexactitude ou les omissions.
Dans ce cas, celui qui la diffuse va retirer des éléments de l’information principale, la tordant et lui donnant une autre orientation ou une direction différente de son but initial.
Par exemple, en Côte d’Ivoire, une information a circulé à propos de « 18 Italiens clandestins »” retrouvés dans la zone de Sassandra (dans le sud du pays). Cette information est inexacte et incomplète. En réalité, il s’agissait de 18 personnes blanches certes, mais il n’y avait aucun Italien. Plutôt des Européens et d’autres nationalités comme l’a précisé d’ailleurs l’ambassadeur de l’Union Européenne en Côte d’Ivoire.
Les fake news peuvent également se servir des informations vraies mais présentées hors de leur contexte.
C’est le cas d’une photo présentée en Côte d’Ivoire comme étant celle de victimes de bavures policières. Celui qui l'a postée voulait montrer comment les forces de l’ordre ivoiriennes torturaient les populations qui violaient le couvre-feu. Sauf que cette photo a été prise lors d’une manifestation en Guinée Conakry au mois de janvier 2020.
Pour le citoyen lambda, tout ce qui (pro)vient d’internet est systématiquement vrai. Le pire, c’est que les médias eux-mêmes vont reprendre ces informations sans les vérifier. Pour quelles motivations ? N’oubliez pas que souvent la diffusion de fausses informations fait partie d’une guerre communicative entre plusieurs acteurs. Vous ne voulez pas être manipulé par eux mais vous voulez la vraie information !
Comment détecter les fausses informations ?
Il y a un postulat de base à avoir : ne pas croire systématiquement toute information qui (nous) tombe sous la main. Cette attitude nous oblige à (toujours) vérifier.
Au-delà, il y a cinq astuces qui peuvent aider à détecter les fausses nouvelles.
Premièrement, bien observer les détails. En général avec un titre accrocheur, racoleur, sensationnel bien souvent doté d’un point d’exclamation à la fin et/ou écrit en majuscules. A y regarder, il peut manquer à cet article une date ou des lieux précis.
Deuxièmement, assurez-vous qu’il s’agit d’une source fiable. Qui vous envoie l’information ? Un ami ? Un inconnu ? Un site d’information ? Le gouvernement ? L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) ?
Conseil : privilégier les sources reconnues. Les informations gouvernementales, les revues scientifiques. Attention aux blogs et aux sites personnels. Bien souvent on y retrouve des avis personnels qui ne restent ni plus ni moins que des opinions.
Troisièmement, dans le cas où une personne est citée ou des propos lui sont attribués, le premier réflexe est de se rendre sur les sites et comptes officiels de cette personne. Pour s'assurer qu'elle en est vraiment à l'origine.
À titre d’illustration : un message circule sur WhatsApp et Facebook disant que Barack Obama « demande aux Africains de ne pas accepter les vaccins qui viendront de l’Europe ». Cette info est facilement vérifiable sur le site web et les comptes Facebook, Twitter et Instagram de l’ancien président américain. Dans le cas d’espèce, il n’en est rien, on a bien affaire à une fausse information montée de toute pièce.
Avant dernier point : il faut diversifier les sources. En consultant d’autres articles sur le même sujet, on peut comparer et croiser les données. Si une même information est évoquée à plusieurs endroits, en citant les mêmes sources, il est plus probable qu’elle soit vraie.
Cinquième et dernier point, il faut « décrypter les images ». Trouver la source d’une image pour la contextualiser, être attentif à sa construction ou encore utiliser des moteurs de recherche d’images inversés comme Google Images, pour vérifier qu’une image n’est pas détournée.
Conseil :
1- Comment vérifier l'authenticité d'une photo sur internet ? https://bit.ly/3aldgrV 2- Comment vérifier l'authenticité d'une vidéo sur internet ? https://bit.ly/33MHbGZ
Récapitulons : en face d’une information, il ne faut pas s’empresser de la partager. Le risque d’être une courroie de transport de fausses informations est grand. Il faut toujours vérifier. Mieux vaut être le dernier à publier une information vraie qu’être le premier à diffuser une fausse information. Il y va de votre crédibilité.
Israël Guéboest un journaliste, formateur, entrepreneur, homme de médias et de communicationivoirien. Il est considéré comme l'une des figures de proue de la promotion de la communication numérique en Côte d'Ivoire et en Afrique subsaharienne francophone.
Direction
Dr. Henrik Maihack
Contact
Konstanze Lipfert
Hiroshimastraße 17 10785 Berlin
030-269 35-74 41
E-Mail