Dix ans après l’accession à l’indépendance du Soudan du Sud, les « dividendes de la paix » tardent à se matérialiser pour la majeure partie de la population de cette jeune nation. L’accord de paix signé à Khartoum en 2018, qui a mis fin à la dernière guerre civile – l’Accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud – ouvre la voie à la première constitution permanente de la république indépendante et aux premières élections générales à l’échelle du pays. Les stigmates de plusieurs décennies de marginalisation et de la destruction d’une grande partie des structures économiques dans le sillage des guerres civiles successives aux conséquences dévastatrices sont omniprésents. À l’issue d’une brève phase de reprise économique dans la capitale Juba, les luttes de pouvoir au sein même du parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), ont dégénéré en 2013 en une flambée de violence qui a fait sombrer le pays dans une guerre civile de dimension ethnique, faisant payer un lourd tribut à la population civile.
Le Soudan du Sud doit encore forger un nouveau contrat social inclusif sur la base duquel tracer la voie qui le conduira vers un avenir prospère et pacifique. L’effort de construction inclusive de la Nation, le travail de mémoire vis-à-vis d’un passé violent et la mise en place de la société civile et de la vie politique publique n’en sont encore qu’à leurs premiers balbutiements. Sur les plans politique, économique et social, le pays se heurte à des défis de taille et manque encore des capacités politiques et administratives requises pour les relever.
Seule Fondation politique allemande dotée d’une présence permanente dans le Soudan du Sud, la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) œuvre déjà depuis 2008 à Juba. Ses activités s’adressent tant à l’élite politique qu’à des acteurs non-étatiques, auxquels revient un rôle déterminant pour ce qui est de définir les contours de l’avenir politique du nouvel État. Grâce à son action sur le terrain – tant dans le centre politique de Juba que dans les États régionaux – la FES soutient l’action et la constitution de structures syndicales et de la société civile, elle encourage le dialogue entre science et politique et offre des forums de participation à la vie politique. Dans ces contextes fragiles, les contributions au dialogue au sein de la société revêtent une importance capitale. En effet, la volonté et la capacité de ce jeune État à négocier de manière pacifique et parvenir à un équilibre entre les intérêts internes contraires et les revendications en matière de participation, seront déterminantes pour ses perspectives d’avenir.