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Rosebell Kagumire, blogueuse féministe, bien connue au-delà de l'Ouganda, écrit sur les réponses maladroites et violentes du gouvernement face à COVID-19.
Image: of Katumba Badru Sultan, FES La police de Kampala bat une vendeuse du marché un jour après que le président Museveni ait ordonné, le 22 mars dernier, un confinement d'un mois.
Le 27 février, le Nigeria a été le premier pays d'Afrique subsaharienne à enregistrer un cas confirmé de maladie à coronavirus COVID-19, un cas importé comme les cas suivants sur le continent. Au 7 avril, le nombre de cas confirmés dans 52 pays africains est passé à plus de 10.000 avec 500 décès confirmés, les chiffres les plus élevés en Afrique du Sud, en Algérie, au Cameroun, au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire. Avant le premier cas, le Centre africain de Lutte et de Prévention des Maladies (Africa CDC) et d'autres partenaires travaillaient avec divers pays africains sur des mesures plus étendues de prévention et de lutte après les dures leçons de la dévastation de l'épidémie d'Ebola 2014-2016 en Afrique de l’Ouest. Le nombre de cas de COVID-19 augmentant, plusieurs gouvernements africains ont annoncé diverses mesures pour endiguer la propagation, allant de la mise en quarantaine au couvre-feu et au confinement, avec interdiction des transports, des marchés et des rassemblements sociaux. La précipitation à restreindre les déplacements afin de minimiser les contacts est en effet nécessaire dans la mesure où les systèmes de santé africains disposent de ressources limitées - respirateurs, kits de test, personnel médical et lits de soins intensifs - pour gérer un taux élevé d'infections. Nous avons vu des pays dotés de meilleurs systèmes de santé craquer avec un nombre élevé de malades et de morts. De nombreux gouvernements n'ont pas encore respecté la Déclaration d'Abuja de 2001 pour consacrer au moins 15% du budget national à la santé. Cette année, le Nigéria n'a investi que 4,5% du budget national dans la santé tandis qu'en Ouganda, une demande de budget additionnel de 75 millions de dollars pour aider à lutter contre la pandémie du coronavirus avait plus de fonds pour la sécurité que la santé, et la question se pose alors : nous engageons-nous dans une guerre ou luttons-nous contre un virus? Malgré ces limites, des innovations orientées vers des solutions sont en cours. Au Sénégal, des chercheurs de l'Institut Pasteur de Dakar ont commencé des essais de validation sur un test de diagnostic au COVID-19 qui peut être fait à domicile et produire des résultats en aussi peu de temps que 10 minutes. En Ouganda, des scientifiques de l'Université de Makerere sont aux premiers stades de la fabrication d'un kit de test COVID-19 rapide dont l’exploitation est prévue pour démarrer le mois prochain. L'amélioration de la capacité de test est essentielle pour suivre le virus, mais nombre de pays doivent encore se permettre des tests massifs. Bien que COVID-19 soit nouveau dans le monde, l'expérience de certains pays à lutter contre les infections virales montre que la population est assez réceptive aux interventions de santé, même si la désinformation et l’intoxication à l'ère du numérique restent une préoccupation. Quoi qu'il en soit, les avantages dans le domaine de la santé pourraient être menacés par les interventions générales actuelles imposées à la population qui doit affronter le militarisme plutôt que l'humanitarisme. Des restrictions ont été imposées en vertu de directives présidentielles, ou de nouvelles lois ont été promulguées, dans certains cas sans déclarer l'état d'urgence, ce qui obligerait au moins les gouvernements à respecter certaines obligations vis-à-vis des citoyens. Dans bien des cas, les mesures d'intervention d'urgence du COVID-19 sont une contestation des anciens pouvoirs politiques et une réintroduction du pouvoir incontestable de l'État. En Ouganda, au Kenya et au Nigéria, des informations font état de violences policières et militaires généralisées. À Kampala, Nakate, femme enceinte de 23 ans a été torturée dans son quartier par des membres d'un groupe paramilitaire. À Kaduna, la police nigériane a tué quatre personnes pour violation des règles de confinement. Au Zimbabwe des informations faisant état de harcèlement policier ont alimenté l'anxiété alors que le confinement se poursuit. Ce recours excessif et généralisé à la force affecte de manière disproportionnée bon nombre de personnes de statuts économiques les plus bas qui doivent faire face à des choix difficiles, rester chez eux et mourir de faim, ou s'aventurer au dehors et faire face à la violence ou à la mort. En temps de crise, un autre type de leadership est nécessaire. La force brutale pourrait annuler la confiance en l'autorité qui est si nécessaire pour combattre un virus. Une pandémie n’impacte pas tout le monde de la même manière, les inégalités existantes entre les groupes sociaux, les classes, les pays et les continents impliquent que les interventions doivent être adaptées aux différentes réalités en tenant compte des contraintes existantes. Dans de nombreux pays africains, la plupart des citoyens paient toujours de leur poche pour accéder aux soins de santé. Les blocages et le ralentissement de l'économie affaiblissent leur capacité à réagir à d'autres problèmes de santé. Les réseaux de soutien financier informels dont beaucoup dépendent ne sont désormais plus en mesure de protéger de nombreuses familles des impacts économiques de COVID-19. Les réponses des États doivent donc aller au-delà de la nourriture d'urgence pour quelques familles vulnérables pour inclure des interventions plus étendues qui aident les communautés à résister à la crise économique parallèle. Les pays africains auront également besoin de collaborations régionales plus fortes pour vaincre le coronavirus et ses conséquences économiques. Les confinements ont également aggravé d'autres problèmes sociaux, la violence domestique étant, selon des rapports, en augmentation. Nous devons traiter la violence basée sur le genre ou sexiste comme une urgence grave dans une urgence plus vaste. Cette pandémie n'est pas seulement une menace pour la santé, mais une occasion de définir des normes plus humaines et de rejeter les règles et les pratiques qui déshumanisent et dégradent les marginalisés.
Rosebell Kagumire est une écrivaine féministe, blogueuse primée et commentatrice socio-politique. Elle est conservatrice et éditrice de African Feminism (AF), une plateforme qui documente les expériences des femmes africaines.
(French translation of English original version)
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